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Esprit subjectif
Esprit subjectif
7 janvier 2008

La nouvelle de français.

C'est long...mais elle sera au moins quelque part :D.
Merci à Anto car écrit à 4mains. Je m'en souviendrai toujours de ce truc. On est des monstres^^
Si j'ai la motiv' je mettrais quelque petits trucs à moi...^^
Le nom de la nouvelle, c'est le nom du tableau. De DE LA TOUR (Georges de son prénom).

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La Madeleine à la Veilleuse

veilleusedn9

 

J’entre dans le musée. J’erre dans les galeries, au fil de mes pensées, de ci, de là. Mes pas me portent hors de mon contrôle, je me laisse guider et n’oppose aucune volonté à la leur. On ne me voit pas, je suis invisible. Un petit être insignifiant. Pourtant j’ai tout pour être heureux : une femme, un emploi… Les tableaux ne m’intéressent pas ; les pièces s’enfilent et j’y jette un coup d’oeil désintéressé. Une pièce, ou plutôt un réduit, m’attire. Qu’y a-t-il à l’intérieur ? J’entre. Sur un mur blanc, un tableau est fixé. Seul. Ignoré de tous, comme moi. Il me ressemble.

 

La MadeleineLe tableau représente une femme. En dessous est collée une étiquette : « La Madeleine à la Veilleuse » Georges de la Tour.la Tour.

La femme est brune et de peau assez mate. Une de ses mains est posée sur un crâne humain. L’autre repose sous sa joue : le reste de son bras posé sur la table la maintient. Elle est enceinte ; une ceinture de corde resserre une jupe rouge le long de son ventre arrondi. Son regard se fixe sur une bougie. Contraste entre lumière et noir ; vie et mort. Le fond du tableau est plongé dans le noir.

Cette femme m’étonne. Que lui est-il arrivé ? Et ce crâne…à qui appartient-il ? Quelques souvenirs remontent…histoires de famille. J’ai comme l’impression de savoir tout ce qui est arrivé à cette femme. Je m’approche et fixe la lumière. Tout m’apparaît désormais clair…Je me souviens, mais de quoi?

 

Elle était étendue sur le lit, l’air paisible. Lui, n’en revenait pas : cette lettre qu’il avait entre les mains était la preuve que sa pire crainte se réalisait. Il la contempla longuement, toujours sous le choc et relut la lettre. Il avait trouvé celle-ci dans le secrétaire en rentrant du musée… Il n’en croyait pas ses yeux. Lui qui l’avait tant aimée n’aurait jamais pu imaginer qu’elle fit cela. Avait-il été un si mauvais mari ? Non et cela c’était certain. Le manque de fidélité de sa femme était injustifié. Le dégoût l’envahit. Il la voyait allongée sur le lit et elle l’écoeurait, au lieu de susciter l’amour qu’il avait toujours eu pour elle. . Après tout ce qu’il avait fait pour elle ! Elle aurait pu lui rester fidèle. C’était décidé. Il allait la porter en justice et elle serait déshonorée ainsi que son amant. Son amant… C’était lui le responsable. Qui sait dans quelles circonstances elle en était arrivée la? Il ne serait pas simplement traîné devant les tribunaux. Cet être maudit devait mourir mais elle aussi paierait pour son infidélité : il en avait décidé ainsi. La haine l’envahissait quand une pensée vint le tourmenter : l’enfant n’était peut-être pas le sien. S’il ne lui appartenait pas, la mort était aussi le sort qui lui serait réservé. C’en était trop. Il réveilla la femme, lui mettant la lettre sous les yeux.

 

Il lui fallut quelques secondes pour réaliser que son mari avait tout compris. Elle laissa échapper un cri de stupeur. Il ne réagissait pas observant simplement les réactions qu’elle avait. La panique… C’est ce qu’il voyait dans son regard. Elle ne savait que faire et il était clair qu’il ne lui pardonnerait jamais. Que deviendrait-elle ? Et son fils ? Même s’il lui laissait la vie sauve, il tuerait l’enfant dans le doute de son origine. Elle ne savait pas elle-même qui était le père donc il était impossible que lui le sache et si elle ne trouvait pas de preuves le plus tôt possible, il mourrait. Elle sentait le désespoir qui la gagnait au fur et à mesure qu’elle réalisait cela jusqu’à ce qu’une idée lui vînt à l’esprit : elle devait fuir le plus loin possible pour sauver son enfant. Son amant l’aiderait ; il les rejoindrait même peut-être : ils auraient une vie heureuse. Mais pour cela il fallait que son mari acceptât l’humiliation de la voir partir avec son fils. L’amour qu’il avait eu pour elle n’y changerait rien. Elle savait qu’à présent, c’était de la haine qu’il ressentait. Ils n’avaient pas bougé durant un long moment jusqu’à ce que la femme implorât son pardon. Malgré cela, il restait de marbre en la fixant ignorant ses supplications. Elle fit tout ce qu’elle put pour l’apitoyer mais l’homme restait insensible. Elle finit par perdre tout espoir : il ne lui restait qu’une seule solution mais elle voulait à tout prix éviter de la mettre en pratique. Néanmoins son fils était plus important et, animée par le désir de le sauver, elle se jeta sur son mari puis lui serra la gorge s’attendant à ce qu’il la repoussât; mais il n’en fit rien. Il avait vu toute sa vie s’effondrer devant lui et il ne désirait plus vraiment vivre. Il attendit que sa femme l’achevât pour que son cauchemar prît fin.

 

Au moment où son cœur s’arrêta de battre, elle fut prise par le remord et leur passé lui revint à l’esprit. Elle se rappela à quel point elle l’avait aimé autrefois et se mit à pleurer devant le corps immobile. Elle resta longtemps agenouillée près du cadavre avant qu’un détail ne lui revint. Il lui avait dit un jour qu’après sa mort, il voudrait que les êtres qui l’aimaient puissent avoir un souvenir concret de lui. Et peut-être était-ce sa seule bizarrerie, mais il voulait que ce souvenir soit son crâne car c’était la seule chose dont on n’aurait pu le séparer et qui lui appartenait vraiment. Il avait toujours voulu que son crâne soit conservé et bien que le seul désir de la jeune femme fût de laisser le corps là où il était et de fuir, elle ne pouvait insulter sa mémoire en ne réalisant pas l’unique souhait qu’il avait eu en ce qui concernait sa mort. Elle savait qu’une fois le travail fini, une vie meilleure l’attendait mais pour l’heure, elle devait accomplir la volonté de son mari.

 

Après une courte durée qui lui avait semblé être la plus longue de sa vie , elle finit par nettoyer le crâne sur lequel il n’y avait plus le moindre morceau de chair. Elle fit parvenir un message à son amant pour l’informer de sa situation et s’assoupit un moment après avoir vécu des instants qui lui semblaient avoir été un cauchemar. 

 

L’enfant flotte dans un univers liquide et protecteur. Pour l’instant tout est paisible. Tout est sombre sans sa bulle. Douce somnolence. Il rêve…De son avenir ? Comme sa mère, il profite de ce moment de repos.

Il se sent secoué ; que se passe-t-il ? Pourquoi sa mère se réveille donc si brusquement ? Il émerge du sommeil ; tout a l’air paisible. Il peut se rendormir…Un cri assourdi parvient à ses oreilles. Pourquoi sa mère est-elle envahie par cette stupeur et cette inquiétude ? Là-bas, de l’autre côté, il sent une présence hostile. Est-ce lui qui est l’objet d’une telle haine ? Il a envie de répondre, de crier : Que t’ai-je fait ?!

 Il entend sa mère qui parle. Que dit-elle ? Il ne le sait pas. La voix est tremblante, entrecoupée de sanglots mais chargée d’espoir. Qui essaye-t-elle donc d’apitoyer ? Il sent son cœur battre non loin de sa tempe. Une soudaine haine l’envahit.

 

Quelle est donc cette détermination sans faille ? Et cette violence pure, cette rage, cette haine ? Qu’arrive-t-il à sa mère ? Il s’interroge ; il y a comme une incohérence. Sa mère lui semble désormais pleine d’amour et de remords envers l’inconnu. Tout est de sa faute, il en est sûr.

Sa mère se lève, s’affaire. Il se rendort…

 

Elle ouvrit les yeux. Elle avait dû dormir pendant des heures. Il faisait nuit à présent. Son message disait à son ami de la retrouver chez elle. Il ne fallait pas qu’elle soit vue. Elle alluma une bougie et s’assit à côté d’une table sur laquelle elle avait posé la chandelle.  Elle mit le crâne sur ses genoux et se mit à le caresser. Elle fixait la lampe en méditant. La vision de son mari, mort, lui revint. Elle regrettait son acte. Elle avait aimé cet homme mais sa mort avait sans doute été la seule issue. Cependant, elle ne l’oublierait jamais et garderait ce crâne. La bougie illuminait son visage. Même si elle était encore choquée, dans un piteux état , elle gardait un air digne. Il y avait une lueur d’espoir dans ses yeux, l’espoir que ce cauchemar prît fin. Il lui fallait tourner la page. Elle allait bientôt avoir son enfant et à cette pensée, elle fut gagnée par l’émotion. Des jours heureux l’attendaient. Elle se voyait avec lui sous un soleil d’été en train de rire. Elle allait être libre.

 

Soudain elle réalisa que son amant était en retard. Le jour allait bientôt se lever et il n’était toujours pas là. Ce retard était inexpliqué, il lui avait bien précisé qu’il viendrait au milieu de la nuit et pourtant…Elle se mit à imaginer de multiples raisons toutes plus abracadabrantes les unes que les autres. Elle crut d’abord à un accident. Au bout d’une dizaine de minutes elle comprit la véritable cause de ce retard. Il était allé la dénoncer. Elle l’avait sauvé de l’humiliation, il causerait sa perte. Elle savait que ce n’était plus qu’une question de temps. Bientôt elle entendrait la porte s’ouvrir et tout s’arrêterait là. Le désespoir l’envahit. Son enfant n’avait plus aucune chance de s’en tirer. Elle ne le supportait pas. Elle perdit toute envie de vivre et attendit la venue de la mort…La bougie était sur le point de s’éteindre.

 

Il sent comme un sentiment de pitié envers lui. Comme s’il était condamné d’avance. Sa mère attend quelqu’un, pleine de joie et d’amour. Oui ! Elle attend son mari ! Son père ! Celui qui lui a donné la vie ! Il est impatient d’entendre sa voix. Sera-t-elle douce, aiguë, grave, rocailleuse ? Premier contact par le son.

 

Plusieurs heures plus tard, l’inquiétude a remplacé la joie. Il n’arrive plus à dormir. Sa mère l’abandonne, il le sait, il le sent ! Il lui crie son envie de vivre, son désir de liberté…mais elle ne l’entend pas. Elle refuse de vivre ? Et lui ? Pense-t-elle à lui, cette égoïste ?! Il sent la vie quitter petit à petit le corps de sa mère….et lui s’accroche…

Il est temps de rentrer chez moi. J’émerge de ma méditation, sors du musée. Arrivé chez moi, j’aperçois ma femme ; elle dort. J’ouvre un des tiroirs du secrétaire…où sont passés les timbres ? Mes doigts effleurent une feuille de papier légèrement granuleuse. Une lettre ? Je saisi délicatement l’objet ; c’est bien une lettre. Je l’ouvre. Non ! Pourquoi ? Pourquoi moi ?! Je l’ai tant aimée…Il est temps de la réveiller.

 

Elle était restée un long moment assise à réfléchir. Le jour commençait à se lever. La bougie s’éteignit soudain, la porte s’ouvrit et l’amant entra dans la pièce. La femme était étendue sur le sol, le regard vitreux, la peau blanche…Corps sans vie.

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M.

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