La nouvelle de français.
C'est long...mais elle sera au moins quelque part :D.
Merci à Anto car écrit à 4mains. Je m'en souviendrai toujours de ce truc. On est des monstres^^
Si j'ai la motiv' je mettrais quelque petits trucs à moi...^^
Le nom de la nouvelle, c'est le nom du tableau. De DE LA TOUR (Georges de son prénom).
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J’entre
dans le musée. J’erre dans les galeries, au fil de mes pensées, de ci, de là.
Mes pas me portent hors de mon contrôle, je me laisse guider et n’oppose aucune
volonté à la leur. On ne me voit pas, je suis invisible. Un petit être
insignifiant. Pourtant j’ai tout pour être heureux : une femme, un emploi…
Les tableaux ne m’intéressent pas ; les pièces s’enfilent et j’y jette un
coup d’oeil désintéressé. Une pièce, ou plutôt un réduit, m’attire. Qu’y a-t-il
à l’intérieur ? J’entre. Sur un mur blanc, un tableau est fixé. Seul.
Ignoré de tous, comme moi. Il me ressemble.
La MadeleineLe tableau représente une femme. En dessous est collée une étiquette : « La Madeleine à la Veilleuse » Georges de la Tour.la Tour.
La femme est brune et de peau assez mate. Une de ses mains est posée sur un crâne
humain. L’autre repose sous sa joue : le reste de son bras posé sur la
table la maintient. Elle est enceinte ; une ceinture de corde resserre une
jupe rouge le long de son ventre arrondi. Son regard se fixe sur une bougie.
Contraste entre lumière et noir ; vie et mort. Le fond du tableau est
plongé dans le noir.
Cette
femme m’étonne. Que lui est-il arrivé ? Et ce crâne…à qui
appartient-il ? Quelques souvenirs remontent…histoires de famille. J’ai
comme l’impression de savoir tout ce qui est arrivé à cette femme. Je
m’approche et fixe la lumière. Tout m’apparaît désormais clair…Je me souviens,
mais de quoi?
Elle
était étendue sur le lit, l’air paisible. Lui, n’en revenait pas : cette
lettre qu’il avait entre les mains était la preuve que sa pire crainte se
réalisait. Il la contempla longuement, toujours sous le choc et relut la lettre.
Il avait trouvé celle-ci dans le secrétaire en rentrant du musée… Il n’en
croyait pas ses yeux. Lui qui l’avait tant aimée n’aurait jamais pu imaginer
qu’elle fit cela. Avait-il été un si mauvais mari ? Non et cela c’était
certain. Le manque de fidélité de sa femme était injustifié. Le dégoût
l’envahit. Il la voyait allongée sur le lit et elle l’écoeurait, au lieu de
susciter l’amour qu’il avait toujours eu pour elle. . Après tout ce qu’il avait
fait pour elle ! Elle aurait pu lui rester fidèle. C’était décidé. Il
allait la porter en justice et elle serait déshonorée ainsi que son amant. Son
amant… C’était lui le responsable. Qui sait dans quelles circonstances elle en
était arrivée la? Il ne serait pas simplement traîné devant les tribunaux. Cet
être maudit devait mourir mais elle aussi paierait pour son infidélité : il en avait décidé
ainsi. La haine l’envahissait quand une pensée vint le tourmenter : l’enfant
n’était peut-être pas le sien. S’il ne lui appartenait pas, la mort était aussi
le sort qui lui serait réservé. C’en était trop. Il réveilla la femme, lui
mettant la lettre sous les yeux.
Il
lui fallut quelques secondes pour
réaliser que son mari avait tout compris. Elle laissa échapper un cri de
stupeur. Il ne réagissait pas observant simplement les réactions qu’elle avait.
La panique… C’est ce qu’il voyait dans son regard. Elle ne savait que faire et
il était clair qu’il ne lui pardonnerait jamais. Que deviendrait-elle ? Et son
fils ? Même s’il lui laissait la vie sauve, il tuerait l’enfant dans le
doute de son origine. Elle ne savait pas elle-même qui était le père donc il
était impossible que lui le sache et si elle ne trouvait pas de preuves le
plus tôt possible, il mourrait. Elle
sentait le désespoir qui la gagnait au fur et à mesure qu’elle réalisait cela
jusqu’à ce qu’une idée lui vînt à l’esprit : elle devait fuir le plus loin
possible pour sauver son enfant. Son amant l’aiderait ; il les rejoindrait
même peut-être : ils auraient une vie heureuse. Mais pour cela il fallait
que son mari acceptât l’humiliation de la voir partir avec son fils. L’amour
qu’il avait eu pour elle n’y changerait rien. Elle savait qu’à présent, c’était
de la haine qu’il ressentait. Ils n’avaient pas bougé durant un long moment
jusqu’à ce que la femme implorât son pardon. Malgré cela, il restait de marbre
en la fixant ignorant ses supplications. Elle fit tout ce qu’elle put pour
l’apitoyer mais l’homme restait insensible. Elle finit par perdre tout
espoir : il ne lui restait qu’une seule solution mais elle voulait à tout
prix éviter de la mettre en pratique. Néanmoins son fils était plus important
et, animée par le désir de le sauver, elle se jeta sur son mari puis lui serra
la gorge s’attendant à ce qu’il la repoussât; mais il n’en fit rien. Il avait
vu toute sa vie s’effondrer devant lui et il ne désirait plus vraiment vivre.
Il attendit que sa femme l’achevât pour que son cauchemar prît fin.
Au
moment où son cœur s’arrêta de battre, elle fut prise par le remord et leur
passé lui revint à l’esprit. Elle se rappela à quel point elle l’avait aimé
autrefois et se mit à pleurer devant le corps immobile. Elle resta longtemps agenouillée près du
cadavre avant qu’un détail ne lui revint. Il lui avait dit un jour qu’après sa
mort, il voudrait que les êtres qui l’aimaient puissent avoir un souvenir
concret de lui. Et peut-être était-ce sa seule bizarrerie, mais il voulait que
ce souvenir soit son crâne car c’était la seule chose dont on n’aurait pu le
séparer et qui lui appartenait vraiment. Il avait toujours voulu que son crâne
soit conservé et bien que le seul désir de la jeune femme fût de laisser le
corps là où il était et de fuir, elle ne pouvait insulter sa mémoire en ne
réalisant pas l’unique souhait qu’il avait eu en ce qui concernait sa mort.
Elle savait qu’une fois le travail fini, une vie meilleure l’attendait mais
pour l’heure, elle devait accomplir la volonté de son mari.
Après
une courte durée qui lui avait semblé être la plus longue de sa vie , elle
finit par nettoyer le crâne sur lequel il n’y avait plus le moindre morceau de
chair. Elle fit parvenir un message à son amant pour l’informer de sa situation
et s’assoupit un moment après avoir vécu des instants qui lui semblaient avoir
été un cauchemar.
L’enfant flotte dans un univers liquide et protecteur. Pour l’instant tout est paisible. Tout est sombre sans sa bulle. Douce somnolence. Il rêve…De son avenir ? Comme sa mère, il profite de ce moment de repos.
Il se sent secoué ; que se passe-t-il ? Pourquoi sa mère se réveille donc si brusquement ? Il émerge du sommeil ; tout a l’air paisible. Il peut se rendormir…Un cri assourdi parvient à ses oreilles. Pourquoi sa mère est-elle envahie par cette stupeur et cette inquiétude ? Là-bas, de l’autre côté, il sent une présence hostile. Est-ce lui qui est l’objet d’une telle haine ? Il a envie de répondre, de crier : Que t’ai-je fait ?!
Il entend sa mère qui parle. Que
dit-elle ? Il ne le sait pas. La voix est tremblante, entrecoupée de
sanglots mais chargée d’espoir. Qui essaye-t-elle donc d’apitoyer ? Il
sent son cœur battre non loin de sa tempe. Une soudaine haine l’envahit.
Quelle
est donc cette détermination sans faille ? Et cette violence pure, cette
rage, cette haine ? Qu’arrive-t-il à sa mère ? Il s’interroge ;
il y a comme une incohérence. Sa mère lui semble désormais pleine d’amour et de
remords envers l’inconnu. Tout est de sa faute, il en est sûr.
Sa
mère se lève, s’affaire. Il se rendort…
Elle
ouvrit les yeux. Elle avait dû dormir pendant des heures. Il faisait nuit à
présent. Son message disait à son ami de la retrouver chez elle. Il ne fallait
pas qu’elle soit vue. Elle alluma une bougie et s’assit à côté d’une table sur
laquelle elle avait posé la chandelle. Elle mit le crâne sur ses genoux et se mit à
le caresser. Elle fixait la lampe en méditant. La vision de son mari, mort, lui
revint. Elle regrettait son acte. Elle avait aimé cet homme mais sa mort avait
sans doute été la seule issue. Cependant, elle ne l’oublierait jamais et
garderait ce crâne. La bougie illuminait son visage. Même si elle était encore choquée,
dans un piteux état , elle gardait un air digne. Il y avait une lueur
d’espoir dans ses yeux, l’espoir que ce cauchemar prît fin. Il lui fallait
tourner la page. Elle allait bientôt avoir son enfant et à cette pensée, elle
fut gagnée par l’émotion. Des jours heureux l’attendaient. Elle se voyait avec
lui sous un soleil d’été en train de rire. Elle allait être libre.
Soudain
elle réalisa que son amant était en retard. Le jour allait bientôt se lever et
il n’était toujours pas là. Ce retard était inexpliqué, il lui avait bien
précisé qu’il viendrait au milieu de la nuit et pourtant…Elle se mit à imaginer
de multiples raisons toutes plus abracadabrantes les unes que les autres. Elle
crut d’abord à un accident. Au bout d’une dizaine de minutes elle comprit la
véritable cause de ce retard. Il était allé la dénoncer. Elle l’avait sauvé de
l’humiliation, il causerait sa perte. Elle savait que ce n’était plus qu’une
question de temps. Bientôt elle entendrait la porte s’ouvrir et tout
s’arrêterait là. Le désespoir l’envahit. Son enfant n’avait plus aucune chance
de s’en tirer. Elle ne le supportait pas. Elle perdit toute envie de vivre et
attendit la venue de la mort…La bougie était sur le point de s’éteindre.
Il
sent comme un sentiment de pitié envers lui. Comme s’il était condamné
d’avance. Sa mère attend quelqu’un, pleine de joie et d’amour. Oui ! Elle
attend son mari ! Son père ! Celui qui lui a donné la vie ! Il
est impatient d’entendre sa voix. Sera-t-elle douce, aiguë, grave,
rocailleuse ? Premier contact par le son.
Plusieurs
heures plus tard, l’inquiétude a remplacé la joie. Il n’arrive plus à dormir. Sa
mère l’abandonne, il le sait, il le sent ! Il lui crie son envie de vivre,
son désir de liberté…mais elle ne l’entend pas. Elle refuse de vivre ? Et
lui ? Pense-t-elle à lui, cette égoïste ?! Il sent la vie quitter
petit à petit le corps de sa mère….et lui s’accroche…
Il
est temps de rentrer chez moi. J’émerge de ma méditation, sors du musée. Arrivé
chez moi, j’aperçois ma femme ; elle dort. J’ouvre un des tiroirs du
secrétaire…où sont passés les timbres ? Mes doigts effleurent une feuille
de papier légèrement granuleuse. Une lettre ? Je saisi délicatement
l’objet ; c’est bien une lettre. Je l’ouvre. Non ! Pourquoi ?
Pourquoi moi ?! Je l’ai tant aimée…Il est temps de la réveiller.
Elle
était restée un long moment assise à réfléchir. Le jour commençait à se lever.
La bougie s’éteignit soudain, la porte s’ouvrit et l’amant entra dans la pièce.
La femme était étendue sur le sol, le regard vitreux, la peau blanche…Corps
sans vie.
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M.